Bonjour à tous,

Me re-voilà après plusieurs mois de silence. Une fin d’année 2011 sur les chapeaux de roues (chapeaux de sorcières, bien sûr !!!), un début 2012 très bof et enfin le printemps qui booste un peu le moral et l’envie.

Mes petites sorcières et leurs amis Farfadets de la boutique se portent bien et en début d’année, j’ai réalisé pour l’Office de Tourisme de Segonzac (1 rue Pierre Viala, 16130 Segonzac, la capitale de la Grande Champagne. Tél : 05 45 83 37 77) une mini expo avec mes créations sur le thème des légendes de notre région charentaise en particulier sur les Ganipotes, ces sorcières « chèvres-garous » ou « loups-garous », ou dame blanche selon si elles viennent du Nord ou du Sud des départements Charente et Charente Maritime.

Mes chères Ganipotes ont depuis réintégré la boutique et la fabrication se poursuit (mais le manque de temps me ralentit énormément).

Je vous avais promis des histoires, des légendes de notre pays des Charentes. En voici donc. J’espère qu’elles vous donneront envie de venir gambader dans nos campagnes !

Tout d’abord, voici une carte pour vous situer Cierzac, la commune qui accueille ma boutique et tout mon petit monde féerique. Elle est en Charente Maritime, pas très loin de la frontière avec la Charente et en fait assez près de Cognac, comme vous pouvez le constater sur cette carte (Cierzac est tout en bas, juste au dessus d’Archiac).

Il y a quelques temps, je me suis amusée à chercher les noms de lieux-dits à  « résonance » très étrange autour de la boutique et à créer de petites histoires souvent inspirées des contes et légendes bretons que j’ai adaptés à  la sauce cagouillarde (charentaise, quoi !). Mes petites histoires, créées par moi-même, seront racontées par Eusébia, ma Ganipote fétiche, une sorcière charentaise d’un âge certain et incertain, qui vit dans une vieille longère biscornue (c’est le nom donné aux maisons charentaises de plain-pied et tout en longueur) pas très loin du Bois du Chêne Bourru.

Donc, ce qui sera conté par Eusébia aujourd’hui et dans les prochains articles est purement fictif (comme on dit dans les séries à la télévision !). Enfin, qui sait, peut-être ….

Tout d’abord, une petite explication sur la Ganipote :

La Ganipote faisait l'objet d'une crainte superstitieuse très fortement ancrée dans les campagnes de Charente et Charente Maritime. Beaucoup d'histoires courent sur la Ganipote ! Lorsqu'on était victime d'une grande peur ou d'une douleur inconnue, il était habituel de dire que l'on avait senti la Ganipote sauter sur ses épaules.  Mais, selon les lieux, la Ganipote change d'apparence : de loup-garou dans le nord des Charentes jusqu'en Vendée, elle devient chèvre plus au sud. Elle peut être une dame blanche ou même un sorcier se transformant la nuit en chien blanc ! Elle peut être terrifiante et dangereuse comme dans la légende de la fille du prévot de Châteauneuf (qui vous sera contée un jour prochain), mais le plus souvent elle est malicieuse et aime à sauter sur le dos de ceux qui la croisent la nuit (surtout au moment des vendanges paraît-il !) et les faire tourner en "bourrique". Un paysan de Cognac réussit à en capturer une, à la traîner jusqu'à sa porte. Mais la Ganipote lui échappa et se mit à faire des bonds aussi hauts que le clocher en battant des mains en signe de dérision. On vit alors apparaître une vingtaine de "chevrettes", grandes comme des arbres et blanches comme neige qui, au clair de lune, exécutaient une danse et applaudissaient la Ganipote (Légendes et Contes d'Aunis et Saintonge, Robert Colle, Editions Ruppela). Autre variante, son orthographe : Ganipote, Ganipotte, Galipote ? Odette Commandon, Goulebenèze lui ont dédié l'une une pièce de théâtre, le second une chanson. Des villes telles que St Palais sur Mer, La Rochelle, etc... ont même des rues qui portent son nom. C'est dire si la Ganipote fait partie du paysage charentais !

Voici le premier Conte d’Eusébia : Le Moulin Enragé, Cierzac

« Ce petit coin de Cierzac était ce que l’on appelle « hanté ». Pas par des fantômes, enfin pas comme on l’entend d’habitude, non ! Mais le promeneur nocturne, s’il s’aventurait aux alentours du moulin et de son lavoir, disons vers minuit, poussé par on ne sait quelle raison, entendrait tout d’abord chants et coups de battoirs … comme sur du linge mouillé. Et si, par curiosité (et par malchance, on peut le dire), il s’approchait du lavoir en essayant d’apercevoir ces « folles » osant laver leur linge en pleine nuit, mal lui en prendrait : il verrait sans nul doute les Lavandières de la Nuit. Ce sont le plus souvent des femmes ou des sorcières mortes qui expient une faute (cela va du simple fait d’avoir fait sa lessive un dimanche jusqu’à l’infanticide !). Ces femmes aux cheveux blancs hèleraient ce promeneur imprudent afin qu’il vienne les aider à tordre leur linge pour mieux l’essorer. Mais elles le tordraient tant et tant et si rapidement que le malheureux finirait les membres rompus, ou bien, elles le pousseraient dans l’eau ou le rosseraient à coups de battoir ! De vraies enragées ces « femmes » ! (ce qui aurait donné le fameux nom au moulin, vous suivez le raisonnement ?).

Bon, de nos jours, il semblerait que les Lavandières soient parties laver leur linge sale ailleurs. Mais, sait-on jamais ? S’il vous arrive, une nuit sans sommeil, de vous balader, par là … D’autant plus que, aujourd’hui, autour et sur le moulin, il a été bâti une maison ! Le propriétaire se plaint souvent du bruit que font les rats certaines nuits : « Et ça cogne et ça couine, comme si ces bestioles frappaient le sol avec quelque chose ! ». Un battoir peut-être ? Des rats, pff … Bon, si on lui disait ? Surtout que le pauvre, il s’acharne à leur faire la chasse et jamais il n’en voit ! »

La roue à eau à l'intérieur du Moulin

Le lavoir de Cierzac

A bientôt, pour de nouvelles histoires !